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di Jacqueline Henriette Favre / Liliane Giraudon) (d’après Jean-Henri Fabre)
C’est la farouche Lascite (fê-me – littera) l’insoupçonnée meurtrière que pour finir nous étudierons prudemment sur l’orgasme simulé. Présenter un semblant de désir est un jeu d’enfant : on l’effleure une seconde, on la retourne entre les draps, l’instant d’après on la bascule sur le sol, deux ou trois fois, le long d’un tapis. Cette tactique renouvelée selon la température et le degré des saisons, on finit par mettre la créature sur le ventre. Nous y voilà : la simulatrice ne dort plus, comme électrisée (…) L’orgasme orchestré est cependant variable en intensité selon le cycle de la lune, la température extérieure et avec le même spécimen, sans qu’on puisse comprendre ce qui provoque sa durée ou son interruption. Dénombrer les sons environnants, si musicaux et pourtant affaiblis circulant dans l’air peut rendre l’excitation supportable. N’oubliez pas que percer sexuellement les parties intimes de la bête vous ferait encourir un risque mortel. Limitez-vous donc avec vos yeux à fixer les résultats. Le tremblement agite le corps humide parfois plus de trente minutes ; pour certains sujets il peut se prolonger au-delà. Si rien ne vient perturber la femelle et qu’à l’abri des cloportes, habitants eux aussi de la chambre durant la saison où j’opère, je la couvre de fiente, l’orgasme est total : frémissements le long du ventre, des seins jusque dans la bouche. On peut observer très exactement, dans tout son chaos, le spectacle de la petite mort… C’est alors que brusquement la machine jouisseuse stoppe. Bras et jambes s’immobilisent. Lentement, le corps se dresse, les yeux vous trouvent dans la pénombre. La bête se courbe un peu avant de bondir. Elle s’arc-boute, gueule ouverte, visant la gorge. La voilà qui plante ses crocs et vous saigne comme un porc pour aussitôt après retrouver sa posture d’orgasme, attendant qu’un autre renouvelle la tactique.
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Voce: Liliane Giraudon
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Immagine: Andrea Inglese