di Suzanne Doppelt
∴ traduzione di Antonella Moscati ∴
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Voir 36 chandelles : percepire, in occasione di uno choc violento, o anche di un abbagliamento, barlumi fosforescenti. Vedere le stelle.
C’est l’âme de votre prédécesseur qui revient !
– L’avez-vous vu ?
– Non ! mais des fantômes, cela ne se voit pas à la chandelle.
Nerval, Les Filles du feu.
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Le monde numéroté
Le lotto, funeste pour le peuple napolitain selon certains, sa drogue, son alcool, ou pour d’autres son baume, est introduit dans la ville en 1682. L’église, très vite, tente de l’interdire. Elle l’accuse d’être une machine de guerre contre le travail, d’entretenir l’oisiveté, la misère, le mensonge, d’encourager les ravages matériels et moraux et surtout de tisser des liens incontrôlés avec le surnaturel. En vain, le lotto est devenu une religion populaire, un drame bihebdomadaire qui se moque des lois terrestres.
De 1 à 90, les nombres se jouent par tradition, filiation, obsession, à l’occasion (d’une querelle 31, amoureuse 10, philosophique 59, d’un suicide 80, d’une difformité 35, d’un mariage 36, clandestin 38, de mendiants 4, d’une anomalie, d’une calamité naturelle : tremblement de terre, naufrage, éruption du Vésuve 55). Ils sont le plus souvent inspirés par les rêves, eux-mêmes hantés par les morts-revenants.
Les puissances auxquelles on s’adresse – pour trouver de l’inspiration – sont multiples : les saints, dont Pantaleone, médecin martyr décapité en 305, les assistants, conçus comme des intermédiaires, les esprits dont le monacello, les morts plus ou moins familiers, le mort 47-13, d’appendicite 17, dans un cercueil 4, qui marche 32, qui parle 48, en rêve 70, qui monte au ciel 25, en particulier les âmes du Purgatoire.
La Smorfia qui signifie l’affectation, la contorsion du visage, c’est à dire la grimace – mais certains y entendent une dégradation de Morphée – est le manuel qui permet de transcrire en nombres, les choses, les événements du monde et les images du rêve 79. La Smorfia est un livre magistral, un catalogue interminable – plus de 37500 termes le composent – une chronique du Tout réduite en 90 numéros qui constitue un genre de cryptographie, de grand miroir de l’univers.
Le bon numéro y figure toujours, tout ce qui advient ou apparaît en rêve y a sa traduction, et si l’on se trompe, c’est qu’on n’a pas su lire ou interpréter.
Pour jouer, il suffit d’isoler quelques images – cinq au maximum, trois en général – d’en discuter si l’on veut avec quelques personnes de confiance, puis de réaliser la conversion. Pour vérifier la validité de son choix, on peut écrire les numéros retenus sur un morceau de papier que l’on glisse sous l’oreiller 8, taché 53, de plume 16. S’ils viennent en rêve, ce sont les bons.
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Il mondo in numeri
Il gioco del lotto – droga o vizio funesto al popolo napoletano, secondo alcuni, balsamo secondo altri – viene introdotto nella città nel 1682. La Chiesa, quasi subito, cerca di vietarlo. Lo accusa di essere un macchina da guerra contro il lavoro, di favorire l’ozio, la miseria, la menzogna, di provocare danni morali e materiali e soprattuto di tessere legami incontrollabili con il soprannaturale. Invano : il lotto è diventato una religione popolare, un dramma settimanale che se ne infischia delle leggi terrene.
Dall’1 al 90 i numeri si giocano per tradizione, filiazione, ossessione, all’occasione (di una lite 31, amorosa 10, filosofica 59, di un suicidio 80, di una malformazione 35, di un matrimonio 36, clandestino 38, di pezzenti 4, di un’anomalia, di una calamità naturale : terremoto, naufragio, eruzione del Vesuvio 55). Sono per lo più ispirati da sogni, popolati essi stessi di morti e fantasmi. Le potenze, cui ci si può rivolgere per avere l’ispirazione, sono molteplici : i santi, tra cui Pantaleone, medico martire, decapitato nel 305, gli assistenti, sorta di intermediari, gli spiriti, fra cui il monacello, i morti più o meno familiari 47-13, il morto d’appendicite 17, nella bara 4, che cammina 32, che parla 48, in sogno 70, che sale al cielo 25, e soprattutto le anime del purgatorio.
La Smorfia – affettazione, contorcimento del volto – alcuni, però, la considerano una degradazione di Morfeo – è il manuale che permette di trascrivere in numeri le cose, gli eventi del mondo e le immagini del sogno 79. La smorfia è un libro solenne, un catalogo interminabile composto di oltre 37500 termini – una cronaca del Tutto in 90 numeri, una sorta di crittografia, un grande specchio dell’universo.
Il numero giusto c’è sempre, tutto ciò che accade o appare trova la sua traduzione e, se uno si sbaglia, è solo perché non è stato capace di leggere o di interpretare. Per giocare basta isolare alcune immagini – cinque al massimo, ma in generale tre -, discuterne, volendo, con qualche persona di fiducia e poi realizzare la conversione. Per verificare la validità della propria scelta si possono scrivere i numeri su un pezzeto di carta e metterlo sotto al cuscino 8, macchiato 53, di piume 16. Se i numeri vengono in sogno, sono quelli giusti.
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En peine
Le Purgatoire est un lieu de passage, un enfer mineur et temporaire, une zone-transit entre mort et résurrection, pour qui n’a pas été tout à fait bon ni assez méchant ou encore pour ceux dont le rite funéraire a été perturbé. Un lieu destiné aux justiciers, aux morts violemment, sans sépulture, aux étrangers inconnus, aux morts anonymes : de la peste, de la guerre, de faim, aux mendiants, aux aveugles 44-1, qui tombent 70, qui mendient 49, qui chantent 34, aux lépreux, aux morts ratés, aux morts moyens, ni bienheureux comme les élus ni vraiment désespérés comme les damnés.
Là, ils brûlent, purifiés par le feu, mais les vivants ont le pouvoir de les soulager, de les rafraîchir grâce à un système de transaction où chacun trouve son compte : le dévot allège les peines des âmes et celles-ci, en échange, lui rendent quelques services. Par exemple, elles lui suggèrent les chiffres 19, arabe 29, romains 3 du lotto.
Le culte se forme sur un rituel d’adoption ; un individu élit un des crânes anonymes – avec les os, seule trace concrète des âmes – ou encore, l’une d’elles lui apparaît en rêve et lui désigne son effigie. Il devient alors l’objet de tous ses soins. Il le nettoie, le lustre, le pose sur un mouchoir 70, blanc 74, noir 52, trouvé 83, volé 70 et sur un coussin raffiné avec quelques boules de naphtaline, puis dans une cassette en bois, en marbre ou en verre, selon. Il lui rend de fréquentes visites, allume des veilleuses, dépose des fleurs, lui adresse des prières, l’effleure, l’embrasse. Le crâne sort alors de l’anonymat, prend l’identité du dévot et se transforme en esprit protecteur capable d’intercéder auprès de Dieu, en dépit de la distance. Il exauce ses prières : tranquillité économique, bonne santé, prévisions diverses. S’il n’est pas entendu, le fidèle peut se montrer implacable : il néglige le crâne et parfois même casse la boîte, son abri. Quant à elle, l’âme 80, du purgatoire 65, d’un vivant 21, béate 88, damnée 2 lui apparaît parfois en songe pour réclamer davantage, faire des remontrances.
L’âme en peine connaît le futur – donc les numéros du lotto – et a le pouvoir de les divulguer à travers les rêves. Au dormeur de transcrire des combinaisons plus ou moins contournées, des formules composées d’éléments ordinaires ou subtils.
Si par hasard les chiffres figurent tels quels, la victoire est assurée.
Mais la tâche n’est pas simple : tout est signe convertible, y compris le léger déplacement d’un crâne par un chat 3-41, en rivalité 4, tombé 77, voleur 20, avec chatte 44 ou par un courant d’air.
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In pena
Il Purgatorio è un luogo di passaggio, un inferno minore e temporaneo, una zona di transito fra morte e resurrezione per quelli che non sono stati né completamente buoni né sufficientemente cattivi o per coloro il cui rito funebre sia stato qualche modo disturbato. Un luogo destinato ai giustizieri, a coloro che sono morti violentemente, senza sepoltura, agli stranieri sconosciuti, ai morti anonimi: di peste, di guerra, di carestia, ai medicanti, ai ciechi 44-1, che cadono 70, che chiedono l’elemosina 49, che cantano 34, ai lebbrosi, ai morti falliti, ai morti mediocri, né beati come gli eletti né veramente disperati come i dannati. Là bruciano, purificati dal fuoco, ma i vivi hanno la possibilità di confortarli, di rinfrescarli grazie a un sistema di transazione in cui ciascuno ha il proprio tornaconto: i devoti alleviano le pene delle anime e queste, in cambio, fanno loro qualche favore. Suggeriscono, per esempio, i numeri 19, arabo 29, romano 3, del lotto. Il culto si costituisce secondo un rito d’adozione: un individuo elegge uno dei teschi anonimi – unica traccia concreta, insieme con le ossa, delle anime – oppure una di loro gli appare in sogno, indicandogli la propria effigie. Da quel momento quel teschio diventa l’oggetto di tutte le sue cure. Lo pulisce, lo lustra, lo mette in un fazzoletto 70, bianco 74, nero 52, trovato 83, rubato 70 e su un fine cuscino con un po’ di naftalina, poi in una cassetta di legno, di marmo o di vetro, a seconda. Lo va a trovare spesso, gli accende lumini, gli porta fiori, gli rivolge preghiere, lo sfiora, lo bacia. Il teschio esce allora dall’anonimato, assume l’identità del devoto, trasformandosi in uno spirito protettore capace di intercedere presso Dio, malgrado la distanza. Esaudisce le sue preghiere: tranquillità economica, buona salute, previsioni varie. Ma, se non viene ascoltato, il fedele può diventare implacabile: trascura il teschio e qualche volta distrugge perfino la cassettina, il suo rifugio. Da parte sua, l’anima 80, del purgatorio 65, di vivo 21, beata 88, dannata 2, gli appare talvolta in sogno per chiedere di più e fargli le sue rimostranze.
L’anima in pena conosce il futuro – i numeri del lotto, dunque – e ha il potere di divulgarli attraverso i sogni. Sta al sognatore trascrivere combinazioni più o meno precise, formule composte di elementi ordinari o raffinati. Se per caso i numeri si presentano direttamente, la vittoria è assicurata. Ma l’impresa non è facile: ogni cosa è, infatti, un segno convertibile, ivi compreso il leggero spostamento del teschio da parte di un gatto 3-41, che gareggia 4, caduto 77, ladro 20, con gatta 44, o per l’effetto di uno spiffero.
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Ubi est ?
Le cardinal Robert Pullus se demande : est-ce au ciel, en enfer ? A cette question, il ne peut répondre qu’avec embarras, comme beaucoup. Le purgatoire a longuement cherché son lieu ; faux intermédiaire entre le haut et le bas, plus ou moins décentré, il tend vers le ciel, le paradis, ou vers les souterrains, l’enfer. Ou encore se trouve t-il dans une partie de la géhenne, supérieure ou inférieure, dans une vallée, ou sous une montagne. Est-il aérien, dans une zone torride, au sud, au nord-est ?
Augustin parle de trous noirs, de cachettes réduites, de réceptacles. Mais où les situer ? C’est un mystère. Plutôt que de petites étendues, d’autres évoqueront plus tardivement, de grands espaces, des quasi-royaumes.
Grégoire le Grand, comme Guillaume d’Auvergne, pense que le purgatoire n’a aucune place prédéterminée : il se trouve sur les lieux mêmes du péché, chaque homme purge ses fautes où il les a commises, sur terre. Bonaventure rejoint cette conception lorsqu’il déclare le purgatoire particulier, comme un cabinet, atomisé, mais en même temps, sous terre, au milieu, à égale distance entre les anges et les démons.
C’est dans la partie supérieure de l’enfer qu’Albert le Grand place le purgatoire, ténébreux, misérable, mais qui regarde tout de même vers le haut.
Hugues de Strasbourg le situe lui aussi dans un compartiment de l’enfer mais il arrive, pense t-il, à certaines âmes de payer là où les délits ont été accomplis.
Selon Saint Thomas, le purgatoire est un lieu inférieur, souterrain et mitoyen de l’enfer. Hostile aux fantômes, il s’oppose à l’idée que les âmes en peine puissent expier leurs péchés sur terre.
Pour Dante, c’est une montagne à degrés, plantée dans l’hémisphère sud – Tu as atteint ormais le purgatoire : vois la falaise alentour qui le clôt ; là est l’entrée où le roc se déjoint – avec dans sa partie inférieure, une salle d’attente et à son sommet, le paradis terrestre.
Mais où que soit le purgatoire, et aussi forte que fût la volonté de lui assigner un lieu fixe, il arrive aux âmes de s’en échapper pour venir errer sur terre.
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Ubi est ?
Il cardinale Robert Pullus si chiede: è in cielo o in terra? A questa domanda riesce a rispondere solo con imbarazzo, come molti, del resto. Il purgatorio ha cercato a lungo il suo luogo; falso intermediario fra l’alto e il basso, più o meno decentrato, tende verso il cielo e il paradiso o verso le profondità sotterranee dell’inferno. O forse sta in una parte della geenna, superiore o inferiore, in una vallata o ai piedi di una montagna? È aero, in una zona torrida, al sud o al nord-est?
Agostino parla di buchi neri, di nascondigli esigui, di bugigattoli. Ma dove situarli? Resta un mistero. Invece che di piccole aree, altri parleranno più tardi di grandi spazi, quasi di regni.
Gregorio Magno pensa, come Guglielmo d’Auvergne, che il purgatorio non abbia alcun posto predeterminato: esso si trova sui luoghi stessi del peccato, ciascuno purga le proprie colpe là dove le ha commesse, sulla terra. Bonaventura si ricongiunge a questa concezione quando dichiara che il purgatorio è un luogo individuale, appartato, atomizzato; ma nello stesso tempo egli sostiene che è sotto terra, in un luogo intermedio, equidistante dagli angeli e dai demoni.
Alberto Magno pone il purgatorio nella parte superiore dell’inferno: si tratta di un luogo tenebroso, miserabile, ma pur sempre con lo sguardo rivolto verso l’alto.
Anche Ugo di Strasburgo lo situa in un compartimento dell’inferno, ma ad alcuni può anche succedere di espiare proprio nei luoghi in cui i delitti sono stati commessi.
Secondo Tommaso il purgatorio è un luogo sotterraneo e prossimo all’inferno. Contrario ai fantasmi, egli nega che le anime in pena possano espiare i loro peccati sulla terra.
Per Dante è una montagna a gradini, che sorge nell’emisfero australe – “Tu se’ ormai al purgatorio giunto: vedi là il balzo che ‘l chiude dintorno; vedi l’entrata là ‘ve par digiunto” – con una sala d’aspetto nella parte inferiore e il paradiso terrestre in cima.
Ma dal purgatorio, ovunque esso sia, e nonostante la forte volontà di assegnargli un luogo preciso, alle anime accade spesso di fuggire per venire a errare sulla terra.
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Visite
Si le jour appartient aux vivants, la nuit est laissée aux morts. On dit que certains d’entre eux se sont montrés, soit pendant le sommeil, soit de toute autre manière, à des personnes vivantes et qu’il s’agissait en particulier d’âmes séjournant au purgatoire. Elles aiment revenir sur terre. Et alors, quelles chimères ne tombent point dans l’esprit des hommes pendant qu’ils dorment ? Telle est pourtant l’infirmité humaine que si on voit un mort au cours du sommeil, on croit voir son âme, tandis que si on rêve d’un vivant on est parfaitement convaincu qu’on ne voit ni son corps ni son âme, mais son image. On dit aussi que les fantômes, qui à l’occasion, troublent le dormeur, proviennent tous des mêmes réminiscences infantiles. Ce sont les visiteurs nocturnes qui ont éveillé l’enfant pour le mettre sur le vase afin qu’il ne mouille pas son lit ou qui ont soulevé les couvertures pour voir comment il tenait ses mains en dormant. Les fantômes étaient les femmes en vêtements de nuits blancs. S’il y a des esprits dans la chambre, ils doivent être singulièrement concassés, peut-on craindre. Mais la chambre à coucher n’est pas le seul endroit propice aux apparitions. Il est recommandé de ne pas s’endormir aux carrefours, qui sont des lieux pollués par l’excessive fréquentation des hommes et c’est pourquoi on y subit les illusions diaboliques et les fantômes de chevaliers tournoyeurs. Il est donc préférable de faire la sieste dans une prairie ou dans un champ. Si nous rêvions toutes les nuits que nous sommes agités par des fantômes pénibles – délires insensés ! fantômes monstrueux ! et d’un cerveau malsain rêves tumultueux ! – nous serions épuisés. Toutefois, il faut garder à l’esprit que les défunts n’ont ni la volonté ni la conscience d’apparaître dans les rêves des vivants, mais y sont convoqués par les démons.
Par chance, la croyance que les spectres s’enfuient au point du jour est immémoriale ; l’origine de cette idée vient uniquement des rêves qu’on fait pendant la nuit et qui cessent quand on s’éveille le matin.
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Visita
Se il giorno appartiene ai vivi, la notte viene lasciata ai morti. Si dice che alcuni di loro siano apparsi, in sogno o altrimenti, a persone viventi e che fossero per lo più anime che soggiornavano in purgatorio. Ebbene, ci sono forse chimere che non precipitano nelle menti degli uomini mentre essi dormono? Tuttavia l’infermità umana è così grande che, se vediamo un morto durante il sonno, crediamo di vedere la sua anima, mentre se ci capita di sognare un vivo, siamo perfettamente convinti di non vedere né il suo corpo, né la sua anima, bensì la sua immagine. Si dice anche che i fantasmi, che di tanto in tanto vengono a turbare il dormiente, provengano tutti dalle stesse reminiscenze infantili. Sono i visitatori notturni che hanno svegliato il bambino per metterlo sul vaso da notte e impedirgli di bagnare il letto o che hanno alzato le coperte per vedere come teneva le mani dormendo. I fantasmi erano le donne in camicia da notte bianca. Se nella camera ci sono degli spiriti, c’è da temere che essi siano ridotti in minuscoli frammenti. Ma la camera da letto non è l’unico luogo propizio alle apparizioni. Si raccomanda di non addormentarsi agli incroci: questi sono, infatti, luoghi inquinati dall’eccessiva frequentazione degli esseri umani e può succedere pertanto d’imbattersi in illusioni diaboliche e fantasmi di cavalieri volteggianti. È quindi preferibile appisolarsi in un prato o in campagna. Se ogni notte sognassimo di essere agitati da fantasmi angosciosi – deliri insensati! fantasmi mostruosi! e d’un cervello insano sogni tumultuosi! – ci risveglieremmo sfiniti. Va comunque tenuto presente che i defunti non hanno né la volontà né la coscienza di apparire nei sogni dei vivi, ma che vi sono convocati dai demoni.
Per fortuna la credenza che gli spettri fuggano al sorgere del sole è immemorabile; l’origine di questa idea viene unicamente dai sogni che si fanno durante la notte e che cessano quando ci si sveglia al mattino.
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L’assistant
L’assistant est chétif, chaste, il mange peu, ne boit que de l’eau et son visage livide est marqué par des nuits blanches. Le jour, c’est un contemplatif hiératique, parfois animé de convulsions. Il s’exprime comme un oracle, il tient du psychotique. Sacristain, commis, vendeur d’allumettes, il est le plus souvent issu du sous-prolétariat. Analphabète, il connaît pourtant 72 langues et dialectes, le chiffre des merveilles.
Dans les rues, il marche entouré de 5 ou 6 personnes qui le courtisent tout en sondant chacune de ses paroles, le moindre de ses gestes. Car l’assistant voit les numéros du lotto en rêve. En vertu d’une erreur technique – mauvaise formule, mot oublié lors du baptême – il assure le passage du monde souterrain aux vivants en communiquant avec les esprits. Ses prémonitions concernent aussi bien le prochain tirage 80, de Bari 8, Caligari 54, Florence 82, Gêne 49, Milan 64, Naples 86, Rome 61, Turin 84, Venise 68, que celui du siècle à venir. Contre un peu d’argent, quelques cadeaux, il livre ses intuitions aux joueurs, en état de transe. Mais les formules énigmatiques et incantatoires, les bruits, les gestes emblématiques – sautiller, lever la jambe, écarter les doigts, etc. – qu’il produit à partir de ses songes, rendent difficile la déduction des nombres. Ses suggestions, lorsqu’elles sont articulées, ressemblent parfois à des haïkus : après la pluie, il faut repiquer en carrés les plants de pastèques ; celui qui porte les reliques ne se baigne jamais deux fois ; les tulipes fleurissent aux pieds du Vésuve.
S’il se trompe, on ne l’épargne pas. Luciano Ponti fut, dans les années vingt, une grande figure expiatoire : pour s’être trop souvent trompé, on le suspendit 36 heures au-dessus d’une mare de boue volcanique en ébullition.
Aimé mais aussi traqué par les vivants, parfois malmené par les esprits ; hors du purgatoire, libre, l’assistant est pourtant pris entre deux feux 9, du Vésuve 81, électrique 90, de Bengale 41, le prix de l’élection.
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L’assistente
L’assistente è gracile, casta, mangia poco, beve solo acqua e la sua faccia livida porta i segni delle sue notti insonni. Di giorno è un contemplativo ieratico, animato ogni tanto da convulsioni. Parla come un oracolo, ha qualcosa dello psicotico. Sacrestano, commesso, venditore di fiammiferi, viene per lo più dal sottoproletariato. Analfabeta, conosce tuttavia 72 lingue e dialetti, il numero delle meraviglie. Per la strada cammina circondato da 5 o 6 persone che lo corteggiano e studiano ogni sua parola, ogni suo gesto. L’assistente, infatti, vede in sogno i numeri del lotto. In virtù di un errore tecnico – una formula sbagliata, una parola dimenticata durante il battesimo – egli assicura il passaggio fra il mondo infero e quello dei vivi, comunicando con gli spiriti. Le sue premonizioni riguardano tanto la prossima estrazione 80, a Bari 8, Cagliari 54, Firenze 82, Genova 49, Milano 64, Napoli 86, Roma 61, Torino 84, Venezia 68 – quanto quella del secolo prossimo. In cambio di pochi soldi o di qualche regalo, rivela in stato di trans le sue intuizioni ai giocatori. Ma le formule enigmatiche, i suoni, i gesti emblematici che compie a partire dai suoi sogni – saltella, alza la gamba, allarga le dita – non facilitano la deduzione dei numeri. I suoi suggerimenti, quando sono articolati, assomigliano talvolta a degli haiku: dopo la pioggia, trapiantare in quadrato le piante di cocomero; colui che porta le reliquie non si bagna mai due volte ; i tulipani fioriscono ai piedi del Vesuvio.
Se l’assistente sbaglia, non c’è clemenza. Luciano Ponti, fu, negli anni venti, una grande figura espiatoria: poiché si era sbagliato troppe volte, fu sospeso per 36 ore al di sopra di una fossa di fango vulcanico in ebollizione.
Amato, ma anche braccato, dai vivi, spesso malmenato dagli spiriti, l’assistente è fuori del purgatorio, libero: ma è presso fra due fuochi 9, del Vesuvio 8, elettrico 90, di Bengale 41, questo è, infatti, il prezzo dell’elezione.
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Vois Naples et
7 avril en vue d’illustrer chaque terme de la Smorfia – le hantement de l’idée fixe, alors, la pensée noire de devenir aveugle – j’achète du petit matériel, une vie. 14 avril elle tombera, dit la supérieure, de sa chaise cadrà. On peut classer les ex-votos en maladies, catastrophes naturelles, accidents, passions & violence, prison & tortures, guerres, Camorra & brigandage. Per grazia ricevuta. 28 avril baisse de tension, voir Herculanum est un supplice, la montée du Vésuve noirci me redonne du souffle. François Ier recommandait le lotto : grâce à lui, ses sujets oublieraient de s’injurier et de blasphémer. 2 mai hypnotisme, doigt pointé sur la énième proposition d’Euclide, regard de spectre posé sur son polyèdre, Luca Paccioli prend la mesure du monde, de sa divine proportion. Dehors les avions rasent les têtes. 3 mai toi qui donnas à la mante un aspect religieux pour le mâle croqué qui se souvient des cieux, le sang s’est liquéfié trop tôt, et c’est le maire qu’on acclame plutôt que San Gennaro. 9 mai je ne lis plus l’Ecclésiaste et mange des spaghettis aux vongole. Parmi les lots de valeur, Héliogabale glissait des rats, des mouches mortes, Néron, des esclaves. 12 mai de Rome à Naples, il ne sait pas, de moi à lui, non plus. D’autres ont pourtant l’air de savoir. Je redécouvre trop tard le proto-martyr eucharistique. 28 mai une droguiste du quartier espagnol me conseille, 11 12 89, manque, paire et passe. On voit ces purs esprits branler au gré des vents, ou noyés dans les eaux, ou brûlés dans les flammes ; c’est ainsi qu’on nettoie et qu’on purge les âmes. 30 mai enfin j’accède aux Fontanelles, rangées à la perfection, cauchemar abracadabrant. Un objectif, écarter les images baroques. 7 octobre Nuit absolue (…) où le blanc trouvait avec le noir une substance commune. La veille de la raison engendre des monstres et des flash back. 17 octobre je lanterne dans la crypte de Lucia, pseudo-sainte : “ma parole, vous habitez là-dessous”, m’adresse le gardien. 25 octobre via Sopramuro, les poissons sont abstraits, ni morts ni vivants, bien disposés.
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Vedi Napoli e
7 aprile al fine di illustrare ogni termine della Smorfia – l’ossessione dell’idea fissa, allora, il fosco pensiero di diventare cieca – compro quanto mi serve, un’intera vita.
14 aprile cadrà, dice la Superiora, dalla sua sedia, cadrà. Gli ex voto si possono dividere nelle seguenti classi: malattie, catastrofi naturali, incidenti, passioni & violenza, prigioni & torture, guerra, camorra & brigantaggio. Per grazia ricevuta. 28 aprile calo di pressione, vedere Ercolano è un supplizio, la salita sul Vesuvio annerito mi ridà il respiro. Francesco I raccomandava il lotto, grazie al quale i suoi sudditi non pensavano più a ingiuriarsi e a bestemmiare. 2 maggio ipnotismo, dito puntato sull’ennesima proposizione di Euclide, sguardo spettrale rivolto al suo poliedro, Luca Paccioli prende la misura del mondo, delle sue divine proporzioni. Fuori gli aeri rasentano le teste.
3 maggio tu che desti alla mantide un aspetto religioso mentre sgranocchia il maschio che rimembra i cieli, il sangue si è liquefatto troppo presto, e a essere acclamato è il sindaco, non San Gennaro. 9 maggio non leggo l’Ecclesiaste e mangio spaghetti alle vongole. Fra i premi delle lotterie Eliogabalo metteva topi e mosche morte, Nerone degli schiavi. 12 maggio da Roma a Napoli, non sa, detto fra me e lui, neppure. Sembra tuttavia che altri sappiano. Riscopro troppo tardi il protomartire eucaristico. 28 maggio un droghiere dei quartieri spagnoli mi consiglia, 11 12 89, sbaglio e perdo. Si vedono questi puri spiriti oscillare in balia dei venti, annegati nelle acque o bruciati dalle fiamme; è così che si lavano e si purgano le anime. 30 maggio ho finalmente accesso alle Fontanelle, ordinate alla perfezione, incubo straordinario. Un obiettivo: eliminare le immagini barocche. 7 ottobre Notte assoluta (…) in cui il bianco trovava col nero una sostanza comune. La veglia della ragione produce mostri e flash back. 17 ottobre ciondolo nella cripta di Lucia, pseudo-santa: “Vi giuro, voi abitate là sotto”, mi dice il guardiano. 25 ottobre via Sopramuro, i pesci sono astratti, né morti né vivi, belli ordinati.
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calore 19, solare 3, di fuoco 10, d’estate 32, naturale 74
chaleur 19, du soleil 3, du feu 10, d’été 32, naturelle 74
candela 65-13, accesa 65, di cera gialla 89, rotta 69, finta 7, elettrica 79
chandelle 65-13, allumée 65, en cire jaune 89, cassée 69, fausse 7, électrique 79
cerchio 20, di ferro 70, luminoso 26, d’oro 34
cercle 20, en fer 70, lumineux 26, en or 34
dado 9-3
dé 9-3
fiori 40, secchi 30, in casa 81, finti 81, in vasi 26, rossi 42, molti 70
fleurs 40, sèches 30, à la maison 81, trompe l’oeil 81, dans un vase 26, rouges 42, nombreuses 70
ghiaccio 3
glace 3
uomo 90, che fugge con donna 72, in processione 2, che piange 69, incatenato 80,
homme 90 , qui fuit avec une femme 72, en procession 2 , qui pleure 69 ,enchaîné 80
insonnia 42
insomnie 42
fantasma 25, che strepita 4, con fiaccola 34, con falce 29
fantôme 25, qui fait du bruit 4, avec un flambeau 34, avec une faucille 29
gamba 3, gonfia 35, senza piede 79, di statua 77, con varice 31, nera 34
jambe 3, gonflée 35, sans pieds 79, de statue 77, avec varices 31, noire 34
letto 5-27, in fiamme 42, con persone 5, rotto 77, con sposi 63
lit 5-27, en flamme 42, avec personnes 5, cassé 77, avec époux 63
mano 5-10, caldo 19, insanguinato 9, con guanti 54, sporcho 7, sinistra 90
main 5-10, chaude 19, ensanglantée 9, avec gants 54, sale 7, gauche 90
mosca 69
mouche 69
orecchio 14-12, ammalato 51, d’asino 6, cucinato 63, di ragazzo 20
oreille 14-12, malade 51, d’ane 6, cuisinée 63, de jeune homme 20
piede 53-77, con calli 47, con geloni 72, d’albero 22
pied 53-77, avec cor 47, avec engelures 72, d’arbre 22
pesce 15, cotto 10, fritto 32, secco 31, in insalata 39
poisson 15, cuit 10, frit 32, sec 31, en salade 39
termometro 89
thermomètre 89
testa 55, di uomo 34, con fiori 59, tagliata 9, calva 85, di morto 7, inghirlandata 5
tête 55, d’homme 34, avec fleurs 59, coupée 9, chauve 85, de mort 7, enguirlandée 5
terremoto 89
tremblement de terre 89
ventre 86, di porco 10
ventre 86, de porc 10
viaggiare22, in idrovolante 69, in treno 32, di notte 22, a piedi 33, solo 1
voyager 22, en hydravion 69, en train 32, de nuit 22, à pieds 33, seul 1
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[je tiens particulièrement à remercier l’AFAA, Jean Digne, son directeur , Marie-Paule Serre, Conseiller technique pour les Arts visuels, Anne Régaud- Wildenstein, responsable des résidences d’artistes et Diane Josse, chargée de mission pour la photographie, qui ont permis la publication de ce livre.
merci à Antonella M., Anna-Maria R. D., Marco R. D., Annalisa S., Caroline P., Nathalie H., Yves-Marie V., de même qu’à St. Augustin, G. d’Auvergne, Blanchot, Chénier, Freud, Goncourt, Huysmans, Pascal, l’Abbé Pellegrin, Queneau et Voltaire.]
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36 candele è apparso per le edizioni Cronopio, Napoli, 1998 in collaborazione con AFAA.
Le fotografie sono di Suzanne Doppelt.